L’ambition et son implication religieuse

Le monde est sans foi ni loi. Outre le contexte d’une civilisation cachant lâchement les lacunes et responsabilités de l’homme moderne, si un homme a de l’ambition et souhaite se faire respecter par son entourage ou sa bande puis en devenir le chef dans la nature sauvage qui l’entoure, il doit, dans la plupart des cas, en devenir le plus méchant et le moins scrupuleux. Il inspirera ainsi crainte et donc respect à sa troupe car par la même occasion, il leur offrira un sentiment de sécurité. Sentiment que tout groupe nécessite naturellement et qui pousse chacun à se réfugier dans un groupe, au delà de la volonté d’un partage synergique de valeurs ou encore de cultures communes. Je vais donc parler ici de l’ambition et de son implication religieuse.

Dans un monde dangereux, pourquoi supporter les individualités de chacun si ce n’est par un désir lâche d’obtenir ce sentiment primaire de sécurité ? Cependant, le monde divin est un monde spirituel et respectueux de la vie. Lorsque l’homme souhaite donc gravir les échelons sociaux de son groupe, il doit sacrifier par conséquent une partie de sa spiritualité au profit d’un caractère plus volontariste, nécessitant de mettre de coté de nombreuses qualités spirituelles telles que la charité, l’humilité ou la pitié – à moins qu’il garde en tête des desseins plus grands. Ces qualités servent à progresser dans le cheminement intellectuel et divin mais ne sont d’aucune utilité pratique lorsque l’homme souhaite s’élever dans le confort de la pyramide sociale et tomber dans un rapport plus matérialiste des choses. S’il doit défendre son groupe, il devra faire usage d’agressivité et de violence physique ou mentale. Si ce n’est point le cas, un groupe plus agressif conquerra le sien et son rôle de leader sera déchu. Il perdra alors tout ce dont pourquoi il aura travaillé.

sur les starting-blocks

Moins un homme a de limites morales, plus il aura de chances de vaincre ses opposants. La fin justifie les moyens et ni la cupidité ni l’envie, deux péchés capitaux, n’ont jamais manqué aux hommes trop volontaires ou possédant trop d’ambition. Comme on le dit si bien, le vainqueur n’est jamais que l’homme qui en veut le plus. Et ce genre d’homme aime vaincre.

L’ambition et le rôle du chef

Car voici le rôle d’un chef : vaincre pour son clan et être le plus fort. En étant le plus fort, cela lui permet d’assurer une certaine peur à ses ennemis de façon à instaurer dans son clan un sentiment de sécurité et de pérennité possible. Cette harmonie lui permettra d’asseoir son règne et de tuer dans l’œuf toute rébellion interne éventuelle. Le fait de se faire respecter hors de ses frontières lui permettra également de créer des contacts, des amitiés et des alliances avec d’autres chefs voisins, ce qui à son tour l’aidera à renforcer sa puissance interne et externe. Il pourra annexer les chefs voisins les plus faibles de façon politique et sans combattre et ses victoires martiales lui apporteront gloire et fierté pour son peuple.

Un bon roi doit également connaître ses limites de façon à ce que la volonté qui a fait son ascension ne soit pas synonyme de chute. Car une volonté et un orgueil trop grand ont souvent été cause de chute. Lorsqu’on s’intéresse à l’histoire, où l’on voit bien que l’avenir n’est qu’un long passé, on s’aperçoit que de nombreux rois sont tombés à cause de leurs folies des grandeurs.

L’expansion et la restriction sont toujours nécessaires pour qu’un homme et un peuple gravissent certaines étapes et se préservent dans leur environnement. Et telle une courbe sinusoïdale, chacun doit trouver le bon timing.

compétition acharnée

L’implication religieuse de l’ambition

Mais revenons à l’aspect religieux de l’homme. Hormis l’accomplissement de ses besoins naturels, le sentiment de sécurité est le sentiment de base recherché par l’homme. Et si l’homme souhaite le ressentir, il devra soit se conformer au groupe avec un chef préexistant qui lui confère d’emblée ce sentiment, soit se créer un groupe tout seul par la force même de sa hardiesse et de son agressivité. Dans le dernier cas, il perdra sa spiritualité au profit d’un matérialiste sécuritaire et de jeux politiques car il ne devra compter que sur lui-même s’il souhaite être le chef de son clan. Et ces jeux politiques entraineront nécessairement une baisse de droiture dans ses actes et ses propos.

C’est tout là le paradoxe apparent. Un chef de guerre n’a pas vocation à être un bon religieux. Nous voyons cependant, que malgré une dichotomie évidente, ces deux points ambivalents peuvent se rejoindre de temps à autre sans se confondre néanmoins. Il s’agit dans ce cas d’un roi ou chef éclairé qui, ayant sacrifié de sa personne et de son innocence lors de son ascension au trône, s’y préserve en instaurant un code moral, auquel lui même, le premier, acquiescera. Son code, pour la plupart des chefs éclairés, a pour but de mettre sur pied une pratique exemplaire de chacun conduisant à l’harmonie civile et naturelle, donc divine, de sa nation. Afin de regagner les vertus mises de coté lors de cette même ascension sociale et d’en faire profiter le plus grand nombre – ce qui est en soi-même un acte des plus vertueux – également un processus nécessaire. Le dilemme réside alors ensuite dans la sécurité de son règne et de la façon dont il peut le garder et l’asseoir afin d’étendre son message et en passant son autorité.

J’ai aussi à penser, qu’au delà de la nécessité d’être le plus méchant, l’homme le plus utile au groupe peut également devenir le chef. Cependant, si une fois reconnu chef par sa bande, il ne prouve aucune autorité ni aucune amélioration à l’état des choses passées, les mêmes qui l’auront mis à sa place de chef pourront aisément le défaire, et cela sans scrupule, de ses fonctions par de nombreuses méthodes, notamment celle de la force brute ou du complot. La foule, et cela fût maintes fois démontré par de nombreux auteurs tels que Gustave Lebon notamment, réagit à l’émotion et non à l’intellect. En cela, un chef doit savoir être dur et parfois cruel. Nécessité fait loi. Et le chef éclairé comprend la nécessité paradoxale de la violence – mentale ou physique – pour instaurer la non-violence et l’harmonie. Toute l’ambivalence de ce paradoxe tient dans l’équilibre infime de la spiritualité et du pouvoir. L’exercice de la religion et du pouvoir doit trouver un point d’équilibre et c’est par la codification qu’il est le plus efficace. Un code moral et civil est établit à ce dessein pour la population qui en a besoin.

Bref, peu font note de la responsabilité de l’exercice du pouvoir et cela quel qu’il soit. Chaque ascension personnelle est similaire à l’ascension sociale du roi que j’ai illustré car elle vise le même but : un confort et une sécurité matérielle. La différence tient seulement dans la puissance de l’ascension. Pour avoir bravé maints dangers en acceptant par ses actes de s’être assombri l’âme pour s’être glissé au sommet, un chef doit aussi s’y maintenir. Tant que l’homme roi ne saura freiner ses émotions et en sera esclave, cette volonté de maintien laissera presque toujours place à une ambition ou une volonté d’expansion qui forcera ainsi le morcellement de sa personne et de son royaume. Il aura tout perdu à vouloir tout avoir, car il n’aura pas jugé nécessaire ou bon de réfléchir aux conséquences et risques spirituels et moraux d’une telle ascension.

victoire

Comment trouver l’équilibre entre volonté de réussir et désir de paix ?

La phrase de Jésus « les premiers sont les derniers et les derniers sont les premiers » prend alors tout son sens. En souhaitant être le premier, on creuse petit à petit sa tombe et devient le dernier. On vise ce qui brille de façon éphémère à l’extérieur, alors que par nos actes arrivistes, nous salissons en nous ce qui brille de façon éternelle à l’intérieur. Si extérieurement, nous sommes derniers, cela ne signifie pas forcement que nous soyons les premiers intérieurement non plus. Mais à chercher à être le premier extérieurement, c’est à dire dans ce monde sans foi ni loi, où comme je l’ai démontré la force et les vices aident grandement pour arriver au sommet du matérialiste et du confort, nous finirons toujours par être les derniers et n’arriveront jamais à être en harmonie en interne et en externe.

Un homme qui ne sait pas restreindre son ambition, qu’il soit Roi ou non, finira toujours par chuter à cause du fait qu’il est esclave de sa volonté d’expansion, militaire, sociale, et même religieuse. Et peu importe le contexte. De même, plus l’homme a de responsabilités, plus ses conséquences dans le monde en seront catastrophiques pour autrui s’il ne maitrise pas sa volonté.

équilibre

Alors sachons maitriser nos émotions et notre ambition et gravissons progressivement et en paix les échelons de notre réussite.

Que la paix intérieure vous guide. 😉